Le Jean Blog
Crystar: est-ce qu'un mauvais gameplay suffit à planter un jeu?

Le paradoxe de Crystar

J'ai dévoré Crystar à une vitesse effarante. Il ne m'aura fallu qu'une petite semaine pour le terminer, ce qui, pour le gamer que je suis, represente une performance d'un niveau olympique. Une poignée de jours ou j'ai parcouru son Purgatoire autant de fois que nécessaire pour arriver à sa vraie fin, m'imprégner de son histoire, de son ambiance, et de ses personnages ! Mais est-ce que cela veut dire que c'est un bon jeu ? C'est là que le bât blesse, car je ne sais pas répondre à cette question. Essayons d'en faire le tour au travers de ces quelques paragraphes.

ATTENTION: il y aura quelques "spoilers" du tout début du jeu

Crystar c'est quoi?

J'ai plongé dans Crystar sans trop savoir ce que c'était, si ce n'est un action RPG du studio Furyu qui me faisait de l'œil avec son esthétique qui se distingue, et son sujet principal: le deuil. Et dès les premières minutes, on est plongé dans le bain. On se réveille en petit papillon dans ce qu'on nous expliquera être le Purgatoire, entouré d'âmes en peine, et par la force des choses, on se retrouve à tuer notre petite sœur. La seule solution pour réparer ce geste sera de rattraper son âme qui chute péniblement vers sa disparition. Manipulée par les Directrices du Purgatoire, Rei, l'héroïne, s'enfoncera dans des dédales de couloirs peuplés de monstres, et cherchera à sauver sa sœur avant qu'elle ne disparaisse à jamais.

Crystar c'est bien?

L'ambiance est posée, je vais être honnête, elle est suffocante et déprimante. Surtout que les phases de gameplay ne vont pas épargner la pauvre Rei: son chemin croisera celui d'âmes qui, une fois vaincues, vous transmettront leurs tourments. Tourments qu'on ne pourra pas infiniment contenir, et il faudra penser à pleurer régulièrement afin de s'en libérer. Et une fois purifiés, ils nous permettront d'obtenir de l'équipement ou des améliorations entre autres.

Vous l'aurez compris, c'est là que se trouve la force du jeu. Son univers est très prenant, et je me suis vite senti très impliqué dedans. Mais Crystar, ce n'est pas que ça. Son ambiance est portée par une direction artistique léchée. Le jeu est vraiment beau, et chaque personnage, cinématique, niveau ... fait preuve d'une direction artistique super cohérente, qui s'éloigne de tous les autres JRPG que j'ai pu faire. Je ne suis pas habitué à ce genre de designs, et les captures d'écran ne m'avaient pas convaincues, mais maintenant que je l'ai fini j'ose le dire: j'adore la direction artistique du jeu. Et elle est soulignée par une magnifique OST parsemée de violons déprimants à souhait.

Crystar c'est vraiment bien?

Bon, je pense avoir suffisamment encensé le jeu pour l'instant. Après avoir lu ces premiers paragraphes, vous avez du vous poser une question: pourquoi est-ce qu'il ne parle pas de gameplay? Et bien je vais vous le dire: c'est parce qu'il est mauvais. Comme tout action RPG de notre époque, vous aurez le droit à un bouton pour une attaque rapide, un pour une attaque forte, un dash, et des sorts qui se débloquent avec des niveaux. Rien de bien original. Mais manette en main, cela se montre d'une pauvreté sans nom. Seuls 2 des 4 personnages jouables sont "intéressants" à jouer (palme d'or du gameplay à celle qui tire des boules magiques qui touchent automatiquement les ennemis sur l'écran...), il n'y a qu'une demi-douzaine d'ennemis différents de tout le jeu qui seront recoloriés pour montrer à quel point ils sont devenus forts, les boss ne représentent pas de défi (surtout que les potions sont automatiquement consommées au besoin), et même, tout simplement, les combats ne sont pas fun. Il n'y a pas le dynamisme d'un Ys , le côté fun d'un Scarlet Nexus ou quoi que ce soit. On se fait vite chier quoi ...

Et c'est dommage. C'est comme si tout le budget avait été écoulé avant d'avoir pu commencé à créer le moteur de jeu. On sent que Furyu est plus habitué aux jeux tours à tours que d'action.

Enfin, dernière critique qui parfois me gêne, parfois non: le jeu nous oblige à refaire ses derniers chapitres plusieurs fois afin de voir sa vraie fin, comme avait pu le faire un Bravely Default . Là ou je peux le pardonner complètement à ce dernier, car cela lui permet de proposer des phases de gameplay beaucoup plus intéressantes, pour Crystar, cela ne permet que d'étoffer son histoire. Certaines des fins sont très bonne, la vraie fin est moyenne mais satisfaisante. Enfin bon, je pense qu'il est bon de le savoir avant de se plonger.

Mais au final, Crystar c'est bien?

Libre à vous de tirer votre propre conclusion. Mais de mon côté, le jeu m'a laissé une très forte impression. Oui, le gameplay est nul, mais il a vraiment su me transporter. Si ce n'était pour ses combats peu intéressants, il aurait facilement fait partie de mes jeux préférés. Il n’en reste pas moins l'une de mes meilleures expériences vidéo ludiques, et me laissera un souvenir indélébile pour les prochains mois.

Le Jean Top 2023

Le Jean Top 2023

2024 est entamé de presque 6 mois quand j'ai enfin réussi à pondre mon Jean Top 2023. J'aimerais donc pouvoir dire sans broncher qu'il est mûr et réfléchi, mais je n'aime pas mentir. Bricoler entre plusieurs sessions bien espacées, je pense qu'il reste assez proche de ce que j'ai pu apprécier lors de cette année.
Mais, j'aime m'amuser. Donc au lieu de pondre un classique classement, j'ai décidé de piocher un album et une musique à chaque mois. J'ai donc dû faire des sacrifices et ne pas parler de certains albums que j'ai apprécié, tandis que d'autres plus anodins ont l'honneur de se trouver sur cette page. Tant mieux, cela rend l'exercice plus rigolo, et permet de faire se démarquer des artistes moins médiatiquement présents.
Pour éviter de trop rallonger le tout, je ne propose qu'une vidéo youtube et une parole. Rien de plus, alors que j'aimerai m'épancher sur certaines pépites. J'aurais bien aimé parler des oubliés, mais ça sera pour une autre fois!






Janvier

Album: Samia - Honey
I can’t remember how I got like this – Sea Lions



Chanson: カネコアヤノ - わたしたちへ / Kaneko Ayano - Watashitachihe
母よりも怖いくらい / Je suis encore plus effrayante que ma mère


Février

Album : Skrillex – Quest for Fire
I wish time never mattered – Still Here



Chanson: Avey Tare – Sweeper’s Grin
Nowadays we always wait


Mars

Album : Godcaster – Godcaster
How beautiful, my heart is full, it's beautiful – Pluto Shoots His Gaze Into the Sun



Chanson: Hyacinthe - 10 piges
Mais t'inquiète j'suis là pour longtemps
J'ai pas mis des mots sur toutes mes peines


Avril

Album : Indigo Da Souza – All of This Will End
I don’t know how to tell you that your jokes aren’t funny – Smog



Chanson: Kara Jackson – why does the earth give us people to love ?
We’re only waiting our turn, call that living


Mai

Album : Overmono – Good Lies
I’ll turn you to an 8-bit – Walk Thru Water



Chanson: felicita, Caroline Polachek – Spalarkle (Alys)
Mantis with a radish, dashing


Juin

Album : Home Is Where – the whaler
In dawn September 12 2001, everyone went back to work – 9/12



Chanson: Squid – The Blades
They’re just blades of grass, old enough to be trimmed


Juillet

Album : Nas – Magic 2
Dump the ashes in the ocean, get the sharks high - Motion



Chanson : Carly Rae Jepsen - Psychedelic Switch
I was a sad, sad song before we met


Aout

Album : DJ Sabrina The Teenage DJ – Destiny
I have seen the years, now I want to understand - Without Crying/Without Hiding



Chanson : Ratboys – The Window
Making sure to breathe, one more time


Septembre

Album : Yeule – softscars
Planted flowers in my head, now they're rotten wilted - inferno



Chanson : Jeff Rosenstock – Doubts
Slow motion breakdown


Octobre

Album : Reverend Kristin Michael Hayter – SAVED!
I can't pretend I've done better than you - ALL OF MY FRIENDS ARE GOING TO HELL



Chanson : Geese – 4D Country
The day the cowboy cried and I gave up on love


Novembre

Album : Frog - GROG
Somewhere we're walkin', out of time - Ur Still Mine



Chanson : Mister You feat 3robi & Ahmidouch - La Douche
Il met du shampoing


Decembre

Album : ISHA, Limsa-Bitume Caviar Vol.01
Mais on dit qu'y a rien quand on perd des proches, qu'on a des galères de ouf - Inna di Club



Chanson : Gabby's World - Theme from Gabby's World
Someday you'll shine anew, this year I’ll miss you


Le Jean Top 2022

Le Jean Top 2022

Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours eu une relation conflictuelle avec les tops de fin d'année. Car effectivement, il est facile de s'extasier devant cette myriade de listes qui arrivent en pagaille dès octobre. On s'amuse à deviner quels albums les médias ont mis sur leurs podiums, on s'échange les meilleures listes qu'on trouve avec des internautes comme si c'était des cartes Pokémon, on repense à tout ce qu'on a pu écouter de bon (ou de mauvais) cette année, quelles étaient les surprises et les déceptions... C'est le côté agréable de la chose. En revanche, j'ai une lassitude de ces listes qui se ressemblent bien trop souvent. De ces artistes qui, quoi qu'ils puissent sortir, sont toujours sûrs de se retrouver dans le haut des tops. De ces classements qui se multiplient comme un Gremlin tombé dans un bassin Olympique : Spotify, Reddit, Strava, Steam ou encore la SNCF m'ont proposé des tops bien inutiles. Enfin, il faut aussi souligner que ces classements arrivent toujours de plus en plus tôt, car il vaut mieux balancer son top avant la concurrence, quitte à négliger le mois de décembre. Il faut croire que le cas Black Messiah en 2014 n'aura pas servi de leçon...
Mais bon, votre serviteur à lui aussi envie de participer à cet effort général, à la construction de cette masse informe de listes et de classements en tout genre. Mais j'ai décidé de me tourner vers un format un peu plus simple. Hors de question de faire des tops 100, 50, voir même 10. Je voulais essayer de me limiter au strict minimum, car déjà je trouve déjà assez superficiel de noter des œuvres, mais s'il faut en plus en ordonner des dizaines entre eux, je ne m'en sors plus. Voici ma rétrospective 2022.
Ps : Un groupe/artiste ne peut être présent que dans la liste des meilleurs albums ou celle des meilleurs titres.






Les meilleurs albums de 2022 qui ne sont pas   Blue Rev de Alvvays : "I heard you ask me to smile [...] Don't ever ask me to smile"

Pour ma part, s'il y avait un album à retenir cette année, évidemment que ça serait celui d'Alvvays. Le groupe, qui nous avait habitué à des albums de 10 pistes qui savaient où taper dans mon petit cœur pour me faire ressentir tout plein d'émotions, à sorti un album qui pouvait paraitre moins engageant aux premières écoutes. En effet, on y trouve des expérimentations qui ne m'ont pas immédiatement convaincues (Very Online Guy), ou des mélodies qui me sonnaient fausses (After The Earthquake). Mais une fois dompté, c'est un album d'une richesse exceptionnelle qu'on découvre. On sent que le groupe a beaucoup de choses à partager, à raconter, à faire écouter. Mais surtout, et c'est difficile à décrire, mais je trouve Blue Rev chaleureux, c'est un album qui donne envie de faire des câlins à ses proches, de leur dire que tout va s'arranger (alors que tout va bien). Mais je ne suis pas là pour vous parler de celui-ci, voici 3 albums qui m'ont fait dire "oh c'est cool ça" cette année.


Alex G - God Save The Animals : "Judy loves the fish scale, Judy, I love you" - Immunity

Alex G, comme Alvvays, est un groupe que je suis depuis un bon bout de temps. Et une chose est sûre : j'adore cet artiste. Et après avoir vécu son premier "succès populaire" avec l'excellent Rocket, il avait enchainé avec un très bon House of Sugar assez expérimental dans ses structures (Near, Walk Away), mais assez classique au niveau de ses sonorités. God Save The Animals en est l’antithèse : ici, on retourne sur des structures plus simples, mais avec des sonorités qui piochent un peu partout. De l'exceptionnel Blessing et son couplet chuchoté, au Post Malonesque Cross The Sea, en passant par S.D.O.S et ses percussions tellement jouissives (écoutez le fort celui-ci, je vous promets, c'est génial). Alex G prouve que son succès est mérité, et qu'il ne lui monte pas à la tête. Il ne nous pond pas un Rocket 2, mais un album marqué par la religion et l'amour, qui est peut-être l'un des plus beaux de sa carrière.


Earl Sweatshirt - SICK! : "Crescent moon wink, when I blinked it was gone" - 2010

Je vais être honnête, plus le temps passe, moins j'apprécie Some Rap Songs. Le côté expérimental trop poussé rend l'écoute de cette galette assez difficile, et même si le flow et les textes y étaient irréprochables, l'abondances de sonorités sur de courts morceaux, c'était trop pour mes petites et sensibles oreilles. J'ai toujours préféré I Don't Like Shit, I Don't Go Outside, ou encore Feet Of Clay (et son meme-esque EAST). Mais cette année, Earl a décidé de sortir un disque accessible, pour mon plus grand bonheur. Attention, on parle d'ici d'accessibilité par rapport à ses précédents efforts. On retrouve tout ce qu'on aime chez lui : une écriture au sommet de son art, un flow toujours aussi assuré et puissant, et des instrus qu’on n’entend pas partout. Il reprend les points forts de Some Rap Songs, mais rend le tout beaucoup plus efficace, simple et agréable. Tout parait maitrisé et à sa place, et pas une seule seconde de ce court album n'est perdue. Earl semble être au sommet de son art pour notre plus grand plaisir.


Rosalía - MOTOMAMI : "Medusa arriba y abajo (Carla Bruni, woah, woah)" - LA COMBI VERSACE

Peut-être "la" surprise que je n'attendais pas cette année, Rosalía a sorti un album en or massif. Un album qui sait se faire brut (SAOKO), voire très brut (CUUUUuuuuuute), qui n'oublie pas ses petites balades (HENTAI), tout en sachant rester fun (CHICKEN TERIYAKI). MOTOMAMI est long, mais il s'écoute et se réécoute avec une facilité déconcertante, avec ses mélodies et rythmiques qui piochent un peu partout (flamenco, ragaeton, rnb ...), son petit featuring avec un The Weeknd qui ne sait plus décevoir, et des clips en pagaille avec une esthétique toujours nickel (son clip sur Tik Tok vaut le détour). Un essai transformé qui me donne envie d'en avoir encore plus!

 






Les meilleures musiques qui ne sont pas   Seventh Heaven de Haru Nemuri : "セピアに染まる「君が好き」" ("Je t'aime", teinté en sépia)

Car oui, Haru Nemuri a effectivement sorti son meilleur album à ce jour, très certainement l'un des meilleurs de 2022, mais Seventh Heaven, l'un de ses singles, est tellement incroyable que je préfère vous en parler ici. En moins de 4 minutes, elle résume tout ce qui fait la force de sa proposition musicale : sa voix, qui alterne entre des chants à fleur de peau et des cris à pleins poumons, ce format j-pop/rock/rap/noise si unique, et une efficacité imparable. Pas le morceau le plus expérimental qu'elle ait pu faire, mais allez plutôt écouter l'album si c'est ce que vous cherchez. Seventh Heaven est irréprochable (ce bridge à 2 minutes ... Je ne m'en suis pas encore remis), mais laissez-moi plutôt vous parler de trois autres musiques.

 

Big Thief - Spud Infinity : "Kiss the one you are right now"

Il aura fallu l'attendre cet album ! Le groupe qui nous avait habitué à une sortie annuelle à mis 3 ans pour nous pondre ce péplum qu'est Dragon New Warm Mountain I Believe in You. On le leur pardonnera volontiers, déjà car il est normal de prendre son temps, mais aussi parce qu'on a eu le droit à des projets solos, et que les 8 singles venus supporter cet effort sont un excellent LP à eux tout seul. Spud Infinity, c'est quasi 6 minutes de country qui font chaud au cœur. C'est un morceau plein d'humanité, plein d'amour, de violons, de guitares, et de pomme de terre. C'est LA musique qui me fait toujours sourire, qui me fait aller mieux, me donne envie de danser. Autant vous dire qu'en cette année 2022, elle m'a fait du bien.


Daniel Rossen - Shadow In The Frame : "Born to a world that don't care"

Si on n'attendait plus l'album de Big Thief, alors celui-ci, on ne l'attendait même pas. Soyons honnêtes, Grizzly Bear c'est sûrement fini, mais ne soyons pas tristes, la bande de New York nous a laissé une discographie quasi parfaite (Painted Ruins ne m'a toujours pas convaincu), et Daniel Rossen se lance enfin en solo. Nous n'avions eu le droit qu'à quelques pépites égarées ces 10 dernières années, mais en 2022, enfin, nous avons le droit une vraie galette à se mettre sous la dent ! Et quelle galette ! Si on omet Tangle qui me fait toujours penser à mes pires cauchemars, il nous propose ici une magnifique collection de chansons principalement portées par la voix si unique de Daniel Rossen, et par sa collection de guitares acoustiques. La structure des chansons nous fait comprendre à quel point il était important pour son groupe. Shadow In The Frame, le premier single, n'aurait pas pu être mieux choisis. Le motif présent dès l'intro se faufile tout le long de la musique, qui elle, s'amuse à s'intensifier puis se calmer, ce qui donne un côté éthéré et délicat tout du long. Délicatesse, justement, qui est l'une des qualités fortes de l'album.

 

Perfume Genius - Hellbent : "It wasn't a nightmare / It's just how it goes"

"7 minutes drone Perfume Genius." Ugly Season confirme le règne de Mike Hadreas. Pour moi, Eye In The Wall n'était qu'un single test, pour voir la réponse de sa communauté face à ce genre de proposition. Mais nous avons été bénis par un album complet dans cette veine ! Perfume Genius a toujours eu une place particulière dans mon cœur de mélomane. Ses deux premiers albums sont d'une fragilité rare, on y est emporté dans un univers bien singulier, ou on parle de beaucoup de choses bien intéressantes sur fond de piano. Too Bright amorçait brillamment un virage pop, mais No Shape, par son maximalisme et son mixage agressif, avait peiné à me convaincre. Mais fort heureusement, Set My Heart On Fire Immediately corrigeait la trajectoire d'une bien belle façon. Ugly Season, lui, a été composé pour une pièce de danse, et on le sent tout de suite : les instruments prennent les devants pour la première fois dans sa carrière, la voix de Mike Hadreas passant au second plan, mais restant vecteur de bien belles paroles. Et Hellbent en est la parfaite application. Hellbent, c'est presque 7 minutes de guitares qui font ce qu'elles veulent, de drone en fond qui se fait oppressant sans jamais s'arrêter, et de percussions qui ne savent que monter en puissance, le tout aidé par une voix envoutante, presque shamanesque, qui nous porte tout du long. La consécration d'une bien belle carrière.

 






Le meilleur jeu qui n'est pas   Rhapsody: A Musical Adventure - NIS : "I know that you're out there and I'm waiting for you"

En plein déménagement et avec 39 de fièvre, tout me faisait stresser. Au détour d'une conversation sur internet, on me parle de la réédition de Rhapsody qui venait d'apparaitre. On m'a expliqué que c'était comme un vieux Disney, mais au format JRPG. Non pas que je sois fan des dessins animés de la souris américaine, j'ai voulu donner ma chance à ce jeu pour ce côté rassurant et apaisant. J'en ressors des étoiles plein les yeux. Déjà, le jeu est beau, avec son pixel-art efficace, mais il est aussi original, car il possède des scènes chantées qui m'ont toujours décroché des sourires. Le jeu est très simple, mais il fonctionne comme un bon chocolat chaud : réconfortant et agréable. Mais n'étant une simple réédition d'un jeu de 1998, je préfère vous parler d'un autre titre qui m'aura marqué (et ce n'est pas Kirby non plus, car ce serait tricher).

 

Iron Lung - David Szymanski : "Photograph whatever you find there"

2022 a confirmé le retour sur le devant de la scène des jeux d'horreur. Même Silent Hill a décidé de pointer timidement le bout de son nez. Nous avons donc eu le droit à une pelletée de PT-likes, de jeux dans l'espace ou personne ne peut nous entendre, et de jeux en coopération pour avoir peur en équipe. Il pouvait être difficile de se démarquer, mais David Szymanski, auteur de titres jouissant d'une jolie petite renommée dans le milieu, a réussi à proposer quelque-chose de différent. Iron Lung, c'est un huis-clos dans un sous-marin vétuste, ou le simple fait de se déplacer sera déjà la source de bien des angoisses. La narration y est minimale, se faisant à travers un succinct prologue et quelques évènements, ou encore avec un terminal que je n'ai pas utilisé lors de ma première partie, faute d'explications. Il vaut mieux ne pas entrer dans les détails pour éviter de divulgâcher le jeu, surtout qu'il n'y a aucune raison de ne pas le faire : c'est une excellente introduction au genre (il est adapté aux peureux), mais est aussi suffisamment original pour plaire aux connaisseurs, et enfin : il dure une heure, un format trop rare, mais que j'adore dans les jeux-vidéos pour le côté éphémère de l’expérience.

 






Le meilleur film qui n'est pas   Eveything Everywhere All At Once - Daniel Scheinert et Daniel Kwan : "We're All Small And Stupid."

Adulé par la critique et le public, il était difficile de passer à côté de ce film lors de cette année 2022. Et à raison : les David nous offrent ici une interprétation du multivers qui change de celle de Marvel, qui sert de socle à une magnifique histoire sur la culture, l'importance de la famille, et de l'amour. C'est un film (très) dense, riche, aux scènes d'action exceptionnelles, mais qui profite de quelques moments de pause plus introspectifs. Sans rentrer dans les détails, c'était sûrement LE film à voir en 2022. Mais parlons plutôt d'un film ayant fait un peu moins de bruit.


Leila et ses frères - Saeed Roustaee : "Vous êtes des brêles mes frères"

Je m'étais laissé tenter par ce film pour deux raisons : La Loi de Téhéran, du même réalisateur, se repose tranquillement dans ma watchlist, et parce que j'avais vu que c'était comme Le Parrain, et j'aime les films de mafia. Bon, ce film n'est pas comme Le Parrain. Cependant, il a beaucoup de choses à raconter. Il est tristement magnifique. On y suit une famille qui se déchire sous fond de crise économique en Iran. On y observe le rôle de la femme à travers le prisme de Leila qui essaye de s'occuper de ses frères un peu benêts, on voit ses parents complètements obnubilés par cette mafia familiale, prêts à tout pour monter dans la hiérarchie. Mais tout le long du film, la famille reste unie et chacun prend soin de l'autre. Parmi les plus belles scènes, on retrouve celles ou Leila et un de ses frères se confient sur le toit de leur maison, et c'est justement voir cet amour qui rend plus difficile les scènes ou on constate qu'ils n'arrivent pas à vivre ensemble sans se mettre des bâtons dans les roues. Ce fatalisme est présent tout le long film, et on se sent impuissant à voir des personnages si attachants souffrir.

 






À lire si vous chercher une conclusion

2022 a été une année particulière pour moi. Du point de vue personnel, il m'est arrivé beaucoup de choses. Mais j'ai heureusement pu compter sur un calendrier de sorties musicales très riche. J'ai trouvé facile de faire une selection de films et de jeux, mais choisir mes albums et chansons préférées a été très difficile. Déjà car j'ai passé beaucoup de temps á écouter des albums trop vieux pour figurer ici, mais aussi car il y a eu énormement de très bons projets qui auraient eux leur place ici. J'aurai aimé parler de tout plein d'autres choses, mais pour ne pas dénaturer mes classements, je vais m'en abstenir. En attendant, je vous dis à l'année prochaine. Prennez soin de vous.
Rétrospective d'avril

Rétrospective d'avril

Et pourquoi pas profiter de mes articles pour parler, avec quand même quelques jours de recul, de ce que j'ai écouté en avril ! Bon, je tente ça sans trop savoir ou je vais. Mais c'est parti !

L'affaire Skrillex

Je n'ai jamais aimé la musique de Skrillex . Il y a 15 ans, quand la bro-step était à la mode, je ne comprenais pas l'attrait de cette musique. Violente, bruyante, stupide, elle avait pourtant tout pour me plaire (est ce que je n'aime pas le punk pour les mêmes raisons?). Mais ça ne marchait pas, je m'ennuyais, et je ne trouvais ça ni plaisant ni amusant. J'adorais la musique électronique à cette époque pourtant. Je vivais pour celle ci. Que ca soit avec Surkin ou Digitalism , ma musique faisait boum boum. J'avais donc, sans difficulté, fait mon deuil de Skrillex .

Mais, depuis quelques mois, j'essaie de renouer avec la musique électronique. Je réécoute surtout mes anciens classiques, mais je cherche toujours la nouveauté. Et voilà-ti pas qu'un jour je me décide d'écouter ce dernier album "mAtUrE" de Skrillex. Je ne m'attendais à rien.

Et pourtant, à la quinzième seconde de Quest For fire , la claque est déjà dans ma gueule. Cet album est une performance esthétique. Il m'a fait comprendre que le garçon est un équilibriste, toujours à la frontière du bon et du mauvais goût: il suffit d'écouter Don't Get Too Close pour s'en rendre compte. Si ce dernier enchaîne les erreurs de goût, l'album dont il est question ici enchaîne les morceaux sans se fatiguer, et chacun arrive à proposer quelque-chose de cohérent.

Du coup j'ai voulu écouter sa musique de l'époque pour voir si avec mes oreilles actuelles ça se passe mieux. Non. Non ca ne marche toujours pas. Par contre, Supersonic, avec Josh Pan (qui ne déçoit que dans ses formats albums), est une merveille.



Lucie,Too , la beauté des choses simples

Un beau matin, Spotify, avec qui j'entretiens une relation conflictuelle, me propose d'écouter Lucie,Too . Je lui réponds pourquoi pas, et je m'engage dans une session de 3 albums.

Ces trois galettes sont, ma foi, fort sympathiques, mais à la moitié du 3ème et dernier album, je me dis qu'il n'y a rien eu de transcendant. C'est du bon rock, j'aime ces formats courts, et ça s'écoute comme on mange des Pépitos: ça passe bien, mais on se dit qu'on serait quand même plus heureux avec des cookies. Mais ensuite, il s'est passé une chose qui a changé la donne.

Il ne reste plus que 3 musiques à l'album, soit près de 9 minutes de musique. Et 片思いFire commence. Le riff est sympa, les percussions pas forcement fines, mais le tout sonne bien. Le couplet, accompagné d'un classique combo basse/batterie, a à peine le temps de commencer que le refrain démarre. Et ce refrain est divin. Suffisamment pour avoir biaisé mes stats Spotify, qui doit désormais penser avoir trouvé mon groupe préféré. Je ne sais pas si c'est la mélodie, ou la voix un peu faible mais transmettant une intensité folle, ou encore les vocalises, mais maintenant que j'ai écouté ce refrain, toute la musique prend un autre sens. Ce riff que je trouvais correct devient dansant, les percussions sont juste assez présentes pour éviter le piège du single power-pop-rock, et le produit final est, à mes oreilles, d'une richesse folle. J'adore cette musique et il fallait que j'en parle un peu plus. C'est chose faite.


À quand un revival de la dance-punk?

Comme je l'expliquais plus haut, j'ai baigné dans l'electro dès mon plus jeune âge, et je le sens dans mon appréciation de la musique. J'aime quand une musique bouge, j'aime l'intégration de sonorités électroniques dans tous les genres, et surtout, je suis sensible au potentiel de dansabilité (si ce terme existe): une musique me fait danser est une bonne musique.

Mais avec le temps, j'ai aussi développé le petit cœur sensible de mes oreilles. J'aime les musiques tristes. Oui je sais, ce n'est pas un genre en soit, mais cela reste un dénominateur commun de beaucoup de mes musiques préférées, alors on va faire comme si.

On peut alors décider de mélanger ces deux genres et on peut alors obtenir beaucoup de belles choses . Et généralement c'est là qu'on trouvera mes artistes préférés. Mais parfois il faut savoir trancher. Ce mois ci, sans trop savoir pourquoi, j'ai cherché à écouter de la dance-punk. Et je me suis rendu compte que c'était une denrée bien trop rare. Echoes reste un classique indémodable mais The Rapture ne sont plus, LCD Soundsystem n'existe plus que timidement, et Wide Awaaaaake! n'épanchera pas éternellement cette soif. Je me suis donc lancé dans un pèlerinage avec pour objectif de trouver des groupes prônant ce genre, et je suis tombé sur The Chinese Stars . Et bien que l'album m'ait entièrement satisfait, je suis resté sur ma faim: si seulement ces guitares en faisaient plus, si seulement c'était encore plus dansant, si seulement la voix était plus sale ...

Je me suis donc retrouvé sur ma chaise de bureau, à bouger la tête au rythme de la basse endiablée, en me disant que je la trouverai cette pépite ultime, potentiellement capable de détrôner House of Jealous Lovers . Suite au prochain épisode...