Le paradoxe de Crystar
J'ai dévoré Crystar à une vitesse effarante. Il ne m'aura fallu qu'une petite semaine pour le terminer, ce qui, pour le gamer que je suis, represente une performance d'un niveau olympique. Une poignée de jours ou j'ai parcouru son Purgatoire autant de fois que nécessaire pour arriver à sa vraie fin, m'imprégner de son histoire, de son ambiance, et de ses personnages ! Mais est-ce que cela veut dire que c'est un bon jeu ? C'est là que le bât blesse, car je ne sais pas répondre à cette question. Essayons d'en faire le tour au travers de ces quelques paragraphes.
ATTENTION: il y aura quelques "spoilers" du tout début du jeu
Crystar c'est quoi?
J'ai plongé dans Crystar sans trop savoir ce que c'était, si ce n'est un action RPG du studio Furyu qui me faisait de l'œil avec son esthétique qui se distingue, et son sujet principal: le deuil. Et dès les premières minutes, on est plongé dans le bain. On se réveille en petit papillon dans ce qu'on nous expliquera être le Purgatoire, entouré d'âmes en peine, et par la force des choses, on se retrouve à tuer notre petite sœur. La seule solution pour réparer ce geste sera de rattraper son âme qui chute péniblement vers sa disparition. Manipulée par les Directrices du Purgatoire, Rei, l'héroïne, s'enfoncera dans des dédales de couloirs peuplés de monstres, et cherchera à sauver sa sœur avant qu'elle ne disparaisse à jamais.
Crystar c'est bien?
L'ambiance est posée, je vais être honnête, elle est suffocante et déprimante. Surtout que les phases de gameplay ne vont pas épargner la pauvre Rei: son chemin croisera celui d'âmes qui, une fois vaincues, vous transmettront leurs tourments. Tourments qu'on ne pourra pas infiniment contenir, et il faudra penser à pleurer régulièrement afin de s'en libérer. Et une fois purifiés, ils nous permettront d'obtenir de l'équipement ou des améliorations entre autres.
Vous l'aurez compris, c'est là que se trouve la force du jeu. Son univers est très prenant, et je me suis vite senti très impliqué dedans. Mais Crystar, ce n'est pas que ça. Son ambiance est portée par une direction artistique léchée. Le jeu est vraiment beau, et chaque personnage, cinématique, niveau ... fait preuve d'une direction artistique super cohérente, qui s'éloigne de tous les autres JRPG que j'ai pu faire. Je ne suis pas habitué à ce genre de designs, et les captures d'écran ne m'avaient pas convaincues, mais maintenant que je l'ai fini j'ose le dire: j'adore la direction artistique du jeu. Et elle est soulignée par une magnifique OST parsemée de violons déprimants à souhait.
Crystar c'est vraiment bien?
Bon, je pense avoir suffisamment encensé le jeu pour l'instant. Après avoir lu ces premiers paragraphes, vous avez du vous poser une question: pourquoi est-ce qu'il ne parle pas de gameplay? Et bien je vais vous le dire: c'est parce qu'il est mauvais. Comme tout action RPG de notre époque, vous aurez le droit à un bouton pour une attaque rapide, un pour une attaque forte, un dash, et des sorts qui se débloquent avec des niveaux. Rien de bien original. Mais manette en main, cela se montre d'une pauvreté sans nom. Seuls 2 des 4 personnages jouables sont "intéressants" à jouer (palme d'or du gameplay à celle qui tire des boules magiques qui touchent automatiquement les ennemis sur l'écran...), il n'y a qu'une demi-douzaine d'ennemis différents de tout le jeu qui seront recoloriés pour montrer à quel point ils sont devenus forts, les boss ne représentent pas de défi (surtout que les potions sont automatiquement consommées au besoin), et même, tout simplement, les combats ne sont pas fun. Il n'y a pas le dynamisme d'un Ys , le côté fun d'un Scarlet Nexus ou quoi que ce soit. On se fait vite chier quoi ...
Et c'est dommage. C'est comme si tout le budget avait été écoulé avant d'avoir pu commencé à créer le moteur de jeu. On sent que Furyu est plus habitué aux jeux tours à tours que d'action.
Enfin, dernière critique qui parfois me gêne, parfois non: le jeu nous oblige à refaire ses derniers chapitres plusieurs fois afin de voir sa vraie fin, comme avait pu le faire un Bravely Default . Là ou je peux le pardonner complètement à ce dernier, car cela lui permet de proposer des phases de gameplay beaucoup plus intéressantes, pour Crystar, cela ne permet que d'étoffer son histoire. Certaines des fins sont très bonne, la vraie fin est moyenne mais satisfaisante. Enfin bon, je pense qu'il est bon de le savoir avant de se plonger.
Mais au final, Crystar c'est bien?
Libre à vous de tirer votre propre conclusion. Mais de mon côté, le jeu m'a laissé une très forte impression. Oui, le gameplay est nul, mais il a vraiment su me transporter. Si ce n'était pour ses combats peu intéressants, il aurait facilement fait partie de mes jeux préférés. Il n’en reste pas moins l'une de mes meilleures expériences vidéo ludiques, et me laissera un souvenir indélébile pour les prochains mois.
Le Jean Top 2023
Janvier
Album: Samia - Honey
I can’t remember how I got like this – Sea Lions
Chanson: カネコアヤノ - わたしたちへ / Kaneko Ayano - Watashitachihe
母よりも怖いくらい / Je suis encore plus effrayante que ma mère
Février
Album : Skrillex – Quest for Fire
I wish time never mattered – Still Here
Chanson: Avey Tare – Sweeper’s Grin
Nowadays we always wait
Mars
Album : Godcaster – Godcaster
How beautiful, my heart is full, it's beautiful – Pluto Shoots His
Gaze Into the Sun
Chanson: Hyacinthe - 10 piges
Mais t'inquiète j'suis là pour longtemps
J'ai pas mis des mots sur toutes mes peines
J'ai pas mis des mots sur toutes mes peines
Avril
Album : Indigo Da Souza – All of This Will End
I don’t know how to tell you that your jokes aren’t funny – Smog
Chanson: Kara Jackson – why does the earth give us people to love ?
We’re only waiting our turn, call that living
Mai
Album : Overmono – Good Lies
I’ll turn you to an 8-bit – Walk Thru Water
Chanson: felicita, Caroline Polachek – Spalarkle (Alys)
Mantis with a radish, dashing
Juin
Album : Home Is Where – the whaler
In dawn September 12 2001, everyone went back to work – 9/12
Chanson: Squid – The Blades
They’re just blades of grass, old enough to be trimmed
Juillet
Album : Nas – Magic 2
Dump the ashes in the ocean, get the sharks high - Motion
Chanson : Carly Rae Jepsen - Psychedelic Switch
I was a sad, sad song before we met
Aout
Album : DJ Sabrina The Teenage DJ – Destiny
I have seen the years, now I want to understand - Without
Crying/Without Hiding
Chanson : Ratboys – The Window
Making sure to breathe, one more time
Septembre
Album : Yeule – softscars
Planted flowers in my head, now they're rotten wilted - inferno
Chanson : Jeff Rosenstock – Doubts
Slow motion breakdown
Octobre
Album : Reverend Kristin Michael Hayter – SAVED!
I can't pretend I've done better than you - ALL OF MY FRIENDS ARE
GOING TO HELL
Chanson : Geese – 4D Country
The day the cowboy cried and I gave up on love
Novembre
Album : Frog - GROG
Somewhere we're walkin', out of time - Ur Still Mine
Chanson : Mister You feat 3robi & Ahmidouch - La Douche
Il met du shampoing
Decembre
Album : ISHA, Limsa-Bitume Caviar Vol.01
Mais on dit qu'y a rien quand on perd des proches, qu'on a des galères
de ouf - Inna di Club
Chanson : Gabby's World - Theme from Gabby's World
Someday you'll shine anew, this year I’ll miss you
Le Jean Top 2022
Les meilleurs albums de 2022 qui ne sont pas Blue Rev de Alvvays : "I heard you ask me to smile [...] Don't ever ask me to smile"
Alex G - God Save The Animals : "Judy loves the fish scale, Judy, I love you" - Immunity
Earl Sweatshirt - SICK! : "Crescent moon wink, when I blinked it was gone" - 2010
Rosalía - MOTOMAMI : "Medusa arriba y abajo (Carla Bruni, woah, woah)" - LA COMBI VERSACE
Les meilleures musiques qui ne sont pas Seventh Heaven de Haru Nemuri : "セピアに染まる「君が好き」" ("Je t'aime", teinté en sépia)
Big Thief - Spud Infinity : "Kiss the one you are right now"
Daniel Rossen - Shadow In The Frame : "Born to a world that don't care"
Perfume Genius - Hellbent : "It wasn't a nightmare / It's just how it goes"
Le meilleur jeu qui n'est pas Rhapsody: A Musical Adventure - NIS : "I know that you're out there and I'm waiting for you"
Iron Lung - David Szymanski : "Photograph whatever you find there"
Le meilleur film qui n'est pas Eveything Everywhere All At Once - Daniel Scheinert et Daniel Kwan : "We're All Small And Stupid."
Leila et ses frères - Saeed Roustaee : "Vous êtes des brêles mes frères"
À lire si vous chercher une conclusion
Rétrospective d'avril
Et pourquoi pas profiter de mes articles pour parler, avec quand même quelques jours de recul, de ce que j'ai écouté en avril ! Bon, je tente ça sans trop savoir ou je vais. Mais c'est parti !
L'affaire Skrillex
Je n'ai jamais aimé la musique de Skrillex . Il y a 15 ans, quand la bro-step était à la mode, je ne comprenais pas l'attrait de cette musique. Violente, bruyante, stupide, elle avait pourtant tout pour me plaire (est ce que je n'aime pas le punk pour les mêmes raisons?). Mais ça ne marchait pas, je m'ennuyais, et je ne trouvais ça ni plaisant ni amusant. J'adorais la musique électronique à cette époque pourtant. Je vivais pour celle ci. Que ca soit avec Surkin ou Digitalism , ma musique faisait boum boum. J'avais donc, sans difficulté, fait mon deuil de Skrillex .
Mais, depuis quelques mois, j'essaie de renouer avec la musique électronique. Je réécoute surtout mes anciens classiques, mais je cherche toujours la nouveauté. Et voilà-ti pas qu'un jour je me décide d'écouter ce dernier album "mAtUrE" de Skrillex. Je ne m'attendais à rien.
Et pourtant, à la quinzième seconde de Quest For fire , la claque est déjà dans ma gueule. Cet album est une performance esthétique. Il m'a fait comprendre que le garçon est un équilibriste, toujours à la frontière du bon et du mauvais goût: il suffit d'écouter Don't Get Too Close pour s'en rendre compte. Si ce dernier enchaîne les erreurs de goût, l'album dont il est question ici enchaîne les morceaux sans se fatiguer, et chacun arrive à proposer quelque-chose de cohérent.
Du coup j'ai voulu écouter sa musique de l'époque pour voir si avec mes oreilles actuelles ça se passe mieux. Non. Non ca ne marche toujours pas. Par contre, Supersonic, avec Josh Pan (qui ne déçoit que dans ses formats albums), est une merveille.
Lucie,Too , la beauté des choses simples
Un beau matin, Spotify, avec qui j'entretiens une relation conflictuelle, me propose d'écouter Lucie,Too . Je lui réponds pourquoi pas, et je m'engage dans une session de 3 albums.
Ces trois galettes sont, ma foi, fort sympathiques, mais à la moitié du 3ème et dernier album, je me dis qu'il n'y a rien eu de transcendant. C'est du bon rock, j'aime ces formats courts, et ça s'écoute comme on mange des Pépitos: ça passe bien, mais on se dit qu'on serait quand même plus heureux avec des cookies. Mais ensuite, il s'est passé une chose qui a changé la donne.
Il ne reste plus que 3 musiques à l'album, soit près de 9 minutes de musique. Et 片思いFire commence. Le riff est sympa, les percussions pas forcement fines, mais le tout sonne bien. Le couplet, accompagné d'un classique combo basse/batterie, a à peine le temps de commencer que le refrain démarre. Et ce refrain est divin. Suffisamment pour avoir biaisé mes stats Spotify, qui doit désormais penser avoir trouvé mon groupe préféré. Je ne sais pas si c'est la mélodie, ou la voix un peu faible mais transmettant une intensité folle, ou encore les vocalises, mais maintenant que j'ai écouté ce refrain, toute la musique prend un autre sens. Ce riff que je trouvais correct devient dansant, les percussions sont juste assez présentes pour éviter le piège du single power-pop-rock, et le produit final est, à mes oreilles, d'une richesse folle. J'adore cette musique et il fallait que j'en parle un peu plus. C'est chose faite.
À quand un revival de la dance-punk?
Comme je l'expliquais plus haut, j'ai baigné dans l'electro dès mon plus jeune âge, et je le sens dans mon appréciation de la musique. J'aime quand une musique bouge, j'aime l'intégration de sonorités électroniques dans tous les genres, et surtout, je suis sensible au potentiel de dansabilité (si ce terme existe): une musique me fait danser est une bonne musique.
Mais avec le temps, j'ai aussi développé le petit cœur sensible de mes oreilles. J'aime les musiques tristes. Oui je sais, ce n'est pas un genre en soit, mais cela reste un dénominateur commun de beaucoup de mes musiques préférées, alors on va faire comme si.
On peut alors décider de mélanger ces deux genres et on peut alors obtenir beaucoup de belles choses . Et généralement c'est là qu'on trouvera mes artistes préférés. Mais parfois il faut savoir trancher. Ce mois ci, sans trop savoir pourquoi, j'ai cherché à écouter de la dance-punk. Et je me suis rendu compte que c'était une denrée bien trop rare. Echoes reste un classique indémodable mais The Rapture ne sont plus, LCD Soundsystem n'existe plus que timidement, et Wide Awaaaaake! n'épanchera pas éternellement cette soif. Je me suis donc lancé dans un pèlerinage avec pour objectif de trouver des groupes prônant ce genre, et je suis tombé sur The Chinese Stars . Et bien que l'album m'ait entièrement satisfait, je suis resté sur ma faim: si seulement ces guitares en faisaient plus, si seulement c'était encore plus dansant, si seulement la voix était plus sale ...
Je me suis donc retrouvé sur ma chaise de bureau, à bouger la tête au rythme de la basse endiablée, en me disant que je la trouverai cette pépite ultime, potentiellement capable de détrôner House of Jealous Lovers . Suite au prochain épisode...